Nisargadatta Maharaj
"Il n'est ni nécessaire ni possible de changer les autres. Si vous changez vous-même, vous réaliserez qu'il n'y a aucun besoin d'autre changement . Changer l'image change tout simplement le film. Vous n'attaquez pas l'écran de cinéma ..."
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Pratique de l'expérience spirituelle
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Pratique de l'expérience spirituelle
Pratique de l’expérience spirituelle
Seul est en bonne santé l’homme qui, en tant que personne, est devenu transparent à son Être essentiel. En lui-même il a trouvé le sens de sa vie, la source inépuisable de guérison et de transformation, celle qui jaillit même de la souffrance.
Le principe et la source de mon travail, le centre de sa raison d’être, est l’expérience, révélatrice d’un Être essentiel, immanent à l’homme, et qui tend à manifester dans le monde une Vie surnaturelle.
La question qui se pose à moi et à tout homme est donc : comment le corps de destin conditionné par le monde peut-il acquérir une forme qui laisse transparaître l’Être essentiel qui l’habite ? Comment la transcendance incarnée dans cet Être peut-elle prendre forme dans le monde ?
La double origine de l’homme qu’on l’appelle « céleste et terrestre » ou « spirituelle et naturelle » reflète l’expérience humaine primordiale de deux dimensions. Leur existence et leur intégration est le point de départ de tout travail thérapeutique.
La thérapie qui s’efforce de renouer les liens de l’homme avec son centre profond doit tout d’abord enseigner à prendre conscience de la qualité numineuse, à la percevoir, à la respecter à cause de ce qui nous touche à travers elle. Il faut former et développer l’organe sensible ou numineux, « l’autre sens ». C’est attitude qui ouvre l’homme tout entier à l’Être essentiel qu’il éprouve alors en lui-même et en toutes choses.
Aujourd’hui je sais qu’il y a, par la voie initiatique, un moyen d’abolir consciemment les limites du moi et de les dépasser : supporter l’insupportable. S’arrêter à la frontière du concept et le supporter. Alors naît la chance d’être accueilli par quelque chose de Tout Autre.
Plus encore : quelque chose de supranaturel s’éveille en notre conscience et efface toutes les limites. Un instant avant on était dehors, et tout à coup on est dedans, et en même temps curieusement chez soi. « Supporter l’insupportable » est devenu partie intégrante de ma thérapie.
Une foi vraie est une attitude d’esprit dans laquelle les mystères parlent sans avoir été « éclaircis » c’est-à-dire classés rationnellement. La lumière brille justement dans ce qui reste obscur à la raison.
Prendre conscience du numineux dans la nature est donc une des bases de la thérapie initiatique.
La pratique répond à ce qui, en l’homme, est à la fois aspiration nostalgique, question et promesse d’une transcendance naissant en lui comme force essentielle.
Les trois pierres angulaires de la thérapie initiatique : expérience de l’Être, conscience absolue établie sur elle, exercice fidèle, furent posées pour moi au cours de ces années.
La conscience absolue exprime une exigence de l’Être essentiel qui abolit toutes les obligations vis-à-vis du monde.
La liberté qui donne naissance à la conscience absolue fait partie, en dernière instance, de la santé de l’homme en tant que personne. La conscience absolue exprime l’action de la transcendance qui nous habite et sa percée en nous.
Dès le début, il ne s’agit pas pour nous de servir une idéologie, mais de donner à l’existence humaine un sens qui s’appuie sur l’expérience fondamentale et la conscience de l’Être essentiel, le travail aidant à la réaliser en l’homme.
Comme l’intégralité de la personne prend racine dans le noyau, perceptible en sa qualité numineuse, une connaissance, un enseignement et une direction véritables de l’homme doivent se préoccuper avant tout de l’expérience, la libération, l’épanouissement et la précision de ce centre.
C’est une vision qui sur le plan de la liberté et de la guérison dépasse la santé, l’efficacité et la fidélité à la communauté pour embrasser la totalité de l’homme, jusqu’à la profondeur de son Être essentiel, dont l’expérience et l’intégration sont indispensables à la réalisation du vrai soi.
Il s’agit pour l’homme d’atteindre à la transparence intérieure qui le délivre des liens du monde.
Il peut alors devenir une personne qui en tout ce qu’il aime, vit et crée, laisse résonner l’Être libérateur et créateur.
Le zazen. Exercé de l’attitude correcte, comme une assise absolument immobile, l’esprit dégagé de tous ses contenus c’est-à-dire dans le vide total, cet exercice prépare le terrain pour une rencontre de l’Être.
En tout ce qui vit, l’Être apparaît dans sa triple unité : sa plénitude, son ordre, son unité.
Le sentiment de sa force fondée sur l’Être essentiel dépend de ce qu’il est. Ceci apparaît clairement quand, par rapport au monde, il ne possède plus rien, ne sait ni ne peut plus rien. Il est alors présent par la force de l’Être essentiel qui est au-delà de toutes les conditions.
C’est seulement dans la mesure où l’on comprend que tout bonheur ou toute souffrance, toute santé ou tout mal-être, traduisent chez l’homme le témoignage réussi ou manqué du véritable Être essentiel que l’on parviendra à le comprendre et à l’aider d’une façon juste.
Les trois signes royaux qui marquent le sage, c’est-à-dire l’homme parvenu à intégrer son Être essentiel. Il possède le grand abandon, la grande sérénité et le grand amour. Il a assimilé et fait sienne l’expérience d’une réalité dont la nature se situe au-delà du spatio-temporel au-delà des contraires.
Elle l’a rendu capable de percevoir et d’annoncer la vie dans la mort, le sens dans l’absurde et, dans la cruauté du monde, un amour supranaturel.
La vraie expérience de l’Être découvre le ressort de la vie humaine, c’est-à-dire, pour parler en image, sa situation de « citoyen de deux mondes ». En son être essentiel par contre, l’homme est citoyen d’un univers au-delà de l’espace et du temps.
Centré sur le moi, l’homme se sent chez lui dans une existence déterminée par l’espace et le temps, qui se déroule entre la naissance et la mort. L’Être essentiel signifie pour nous le mode de participation individuel de l’homme à l’Être divin au-delà de l’espace et du temps.
L’homme vit dans la tension entre sa conscience du moi, liée à l’existence spatio-temporelle, et son appartenance à cet Être auquel participe son Être essentiel. Le but de la vie humaine est d’intégrer ces deux pôles, celui de son moi attaché au monde spatio-temporel où s’écoule son existence, et celui de son Être essentiel enraciné dans l’Être.
La maturation consiste à résoudre (et non à dissoudre) cette tension par une attitude qui, dans sa petite existence, manifeste la grande Vie surnaturelle, vivante en son Être essentiel.
Manifester son Être essentiel dans le « vrai » Soi, par la transparence de sa vie est la vocation de l’homme.
Tant que l’homme n’a pas atteint les bornes de sa force, de son intelligence et de sa capacité d’attachement, qu’il ne se trouve pas ainsi en peine et en difficulté, il n’est pas prêt à l’expérience qui mène à la conversion.
Pour qu’une vraie transformation se produise il faut que l’homme ait atteint la limite des ressources qu’il trouve dans le moi : sans détresse intérieure, sans nécessité indiscutable, personne ne songe à se convertir.
Le contact avec l’Être, la présence totale de l’Être essentiel qui constitue notre plus grande Vie surnaturelle, ne nous rend pas insensibles à la peine dans notre petite vie. Au contraire il nous donne la pleine mesure de cette peine.
La souffrance purifie celui qui est parvenu à l’Être, alors qu’elle aigrit et assombrit l’homme prisonnier de son moi et le durcit dans son éloignement de l’Être essentiel.
Le signe caractéristique d’une expérience authentique de l’Être est la naissance d’une nouvelle conscience, la conscience absolue.
Ces expériences où l’Être pénètre la conscience semblent finalement dépendre de la disposition d’esprit où nous nous trouvons pour les accueillir, et non pas de ces contenus.
L’expérience de l’Être ne devient possible que si cet axe fondamental de la vie naturelle est aboli, ou tout au moins affaibli.
La profondeur de l’Être ouvre à l’homme les frontières du moi pour les dépasser. La transcendance ainsi éprouvée n’est rien que l’on puisse se représenter : elle est la Vie, inconcevable, qui crée, ordonne, libère. Elle apparaît par une nouvelle disposition d’esprit totale, par une qualité de caractère numineux qui investit tout événement.
Elle se manifeste par une attitude dans la vie qui n’est plus déterminée par un sens objectivement explicable mais qui, au contraire, remplit tout objet et tout état du moi naturel d’un sens plus profond.
La force de transformation de l’expérience mystique vient de ce qui s’exprime par elle d’une façon concluante, c’est-à-dire la plus grande vie éprouvée comme une plénitude qui soutient et régénère, un sens fondamental et un amour jaillissant qui saisissent et transforment l’homme.
De toute évidence, la foi véritable commence seulement quand, ayant atteint les limites de son entendement, l’homme se dépouille de sa superbe et renonce à l’illusion de comprendre et de maîtriser la vie par ses propres moyens.
Créer un rapport tension-détente et une respiration conformes à l’Être essentiel, autrement dit une formule fondamentale de vie en accord avec lui, est donc la condition d’une guérison possible car ainsi cette formule ne sera plus troublée par les perturbations périphériques inévitables dans notre vie. Au contraire, celles-ci la fortifieront et l’aideront à progresser.
L’attitude juste est celle où rien ne peut déplacer le centre de gravité ni faire tomber dans la crispation ou le relâchement, où la respiration passe sans barrières. C’est seulement ainsi que l’Être essentiel peut résonner.
L’Être essentiel avec son ordre et ses valeurs se lève de la plénitude indivise de l’Être qui, au-delà des contraires, de l’objet de l’espace et du temps, sans images, s’ouvrent seulement à l’œil et à l’oreille intérieurs et manifeste ce mouvement primordial où espace et temps sont absorbés dans un éternel maintenant.
Grâce à lui, notre réalité limitée à l’espace et au temps, objectivement définie et déterminée et l’ordre de transformation de notre vie en ce monde acquièrent un sens de constante création et de renouvellement qui n’est pas de ce monde.
L’Être essentiel est le mode individuel par lequel l’Être surnaturel est présent en l’homme et veut se manifester en lui et à travers lui dans le monde.
Ainsi existe-t-il deux manières de bien se porter : l’une grâce à la santé psycho-physique fonctionnelle par rapport au monde, l’autre obtenue par l’union avec l’Être essentiel.
L’homme ayant atteint la maturité est tranquillement en forme car il a renoncé à son moi et il est centré en son Être essentiel. Son attitude est celle d’indépendance tant à l’égard du monde que de l’attention ou de l’acceptation des autres.
Il repose en lui-même, il exprime une liberté et une autonomie intérieures. Chez celui qui possède la maturité, la conscience de soi ne dépend pas de la position qu’il assume dans le monde mais de son enracinement dans le surnaturel.
Si quelqu’un est sur la voie, il reconnaîtra vite une mollesse ou une rigidité, non seulement parce qu’elles sont pénibles à son bien-être physique, mais parce qu’il y voit l’indice d’une déformation par rapport à celui qu’il est réellement et qu’il désire être.
Il sent que son contact avec l’Être essentiel est coupé, qu’il soit crispé, durci ou enfermé dans sa coquille ou au contraire négligent ou relâché, il sentira que ces attitudes sont « fausses » du fait de leur inconfort ou parce qu’elles l’empêchent de fournir un travail suivi, mais surtout parce qu’elles compromettent la forme que son Être essentiel lui fait rechercher.
L’esprit souffle où il veut, mais comment devons-nous être pour percevoir son souffle et lui obéir ? Peut-être pouvons-nous entendre la voix de la transcendance à travers chaque état du corps, mais nous ne pouvons pas correspondre que par une certaine « forme » à ce qu’elle demande de nous, à ce qu’elle nous promet.
Nous ne pouvons lui répondre que si nous sommes dans la « forme juste », c’est-à-dire l’attitude qui est à la fois une « forme transparente » et une « transparence devenue forme ». Nous devons être transparents et réceptifs à la plénitude, l’ordre et l’unité de l’Être, présent en notre Être essentiel.
En nous, créatures conscientes, la Vie devient consciente d’elle-même dans la respiration ininterrompue de son devenir, dans l’éternel « meurs et deviens » de ses formes, dans le yin et le yang de son mouvement primordial. Par l’intériorisation vigilante de ce mouvement originel créateur et libérateur se réalise l’exigence d’être, par le corps, en conformité avec l’Être essentiel.
La forme qui nous est destinée sur ce chemin ne peut donc être qu’une forme de transformation, un état de tout homme assurant un mouvement sans fin d’évolution. Le but n’est pas une forme définitivement établie mais une formule de transformation devenue seconde nature et assurant, dans le corps lui aussi, une maturation constante.
Cela suppose que l’on soit, consciemment ou inconsciemment, en contact avec l’Être essentiel ou que l’on s’efforce de l’être. Cet effort, cette vigilance, maintiennent le corps que nous sommes en l’état d’équilibre fluide.
L’aboutissement de la condition humaine n’est pas une personnalité qui représenterait la forme ultime d’une évolution juste. Il ne s’agit jamais en effet de parvenir à une forme définitive, mais à une formule finale qui se réalise dans un devenir progressif continuel.
Le sens final de ce devenir est une « extinction », un épanouissement et un anéantissement dans le UN divin qui est, lui, au-delà du devenir et du disparaître.
La totalité ne signifie pas une perfection aboutissant au repos, mais la réalité vivante d’un chemin que seule détermine une « direction vers » dans un renouvellement constant. L’homme devient lui-même un chemin, une voie qui s’éloigne du devenu pour se diriger vers le non-advenu.
Aux yeux de l’Oriental, la simple idée d’une arrivée possible exprime déjà l’erreur essentielle, toujours aux aguets dans la conscience humaine, celle d’un but accessible, matériellement existant, qui représenterait la valeur ultime. D’où le vieil aphorisme : « Si tu arrives là où le Bouddha n’est pas, continue ta route. Si tu arrives là où enfin tu le trouves, fuis plus loin ! »
Car là réside le danger véritable : celui d’un arrêt. Penser qu’une chose puisse être réelle quand elle est établie et qu’elle dure est déjà une illusion. Le vrai réel ne se laisse jamais fixer. Dès que l’image de quelque chose d’établi se glisse devant lui, il disparaît.
C’est pourquoi, de ce point de vue et si l’on recherche la vie, la conscience qui produit la connaissance, parce qu’elle définit, fixe et distingue, établit, comprend et conceptualise, est la source de toutes les déviations. Une pareille affirmation, vraiment inouïe pour l’entendement occidental ne pourra jamais être prise assez en considération.
En effet, s’il est indiscutable que la conscience rationnelle est la condition de toute science et de toute organisation durable, son effet est désolant quand elle s’oppose à l’objectivement inaccessible car il vient du royaume de la réalité qu’on doit accueillir avec respect et de la conscience intérieure qui en dépend.
Celui qui cherche le réel dans une conscience libératrice ne peut s’arrêter sur le chemin. Il ne s’épanouira qu’en faisant sien le mot de Maître Eckhart : « L’Être de Dieu est notre devenir. »
La connaissance de sa vocation et la promesse que contient ce devenir sont une délivrance croissante devant les exigences du monde, celles auxquelles le fait d’être homme nous oblige d’abord à payer tribut en faisant de la pensée objective le but de notre vie. Cette pensée est le détour nécessaire, puis l’arrière-plan révélateur de la Vie qui, enfin, nous permet de nous épanouir dans l’Être supranaturel, au-delà des contraires.
Il est pourtant certain qu’une intégration parfaite des principes de vie oriental-occidental laisse seule entrevoir la forme la plus haute d’une humanité totale.
Karlfried Graf Dürckheim La percée de l’être : Ou les étapes de la maturité Le Courrier du Livre
Seul est en bonne santé l’homme qui, en tant que personne, est devenu transparent à son Être essentiel. En lui-même il a trouvé le sens de sa vie, la source inépuisable de guérison et de transformation, celle qui jaillit même de la souffrance.
Le principe et la source de mon travail, le centre de sa raison d’être, est l’expérience, révélatrice d’un Être essentiel, immanent à l’homme, et qui tend à manifester dans le monde une Vie surnaturelle.
La question qui se pose à moi et à tout homme est donc : comment le corps de destin conditionné par le monde peut-il acquérir une forme qui laisse transparaître l’Être essentiel qui l’habite ? Comment la transcendance incarnée dans cet Être peut-elle prendre forme dans le monde ?
La double origine de l’homme qu’on l’appelle « céleste et terrestre » ou « spirituelle et naturelle » reflète l’expérience humaine primordiale de deux dimensions. Leur existence et leur intégration est le point de départ de tout travail thérapeutique.
La thérapie qui s’efforce de renouer les liens de l’homme avec son centre profond doit tout d’abord enseigner à prendre conscience de la qualité numineuse, à la percevoir, à la respecter à cause de ce qui nous touche à travers elle. Il faut former et développer l’organe sensible ou numineux, « l’autre sens ». C’est attitude qui ouvre l’homme tout entier à l’Être essentiel qu’il éprouve alors en lui-même et en toutes choses.
Aujourd’hui je sais qu’il y a, par la voie initiatique, un moyen d’abolir consciemment les limites du moi et de les dépasser : supporter l’insupportable. S’arrêter à la frontière du concept et le supporter. Alors naît la chance d’être accueilli par quelque chose de Tout Autre.
Plus encore : quelque chose de supranaturel s’éveille en notre conscience et efface toutes les limites. Un instant avant on était dehors, et tout à coup on est dedans, et en même temps curieusement chez soi. « Supporter l’insupportable » est devenu partie intégrante de ma thérapie.
Une foi vraie est une attitude d’esprit dans laquelle les mystères parlent sans avoir été « éclaircis » c’est-à-dire classés rationnellement. La lumière brille justement dans ce qui reste obscur à la raison.
Prendre conscience du numineux dans la nature est donc une des bases de la thérapie initiatique.
La pratique répond à ce qui, en l’homme, est à la fois aspiration nostalgique, question et promesse d’une transcendance naissant en lui comme force essentielle.
Les trois pierres angulaires de la thérapie initiatique : expérience de l’Être, conscience absolue établie sur elle, exercice fidèle, furent posées pour moi au cours de ces années.
La conscience absolue exprime une exigence de l’Être essentiel qui abolit toutes les obligations vis-à-vis du monde.
La liberté qui donne naissance à la conscience absolue fait partie, en dernière instance, de la santé de l’homme en tant que personne. La conscience absolue exprime l’action de la transcendance qui nous habite et sa percée en nous.
Dès le début, il ne s’agit pas pour nous de servir une idéologie, mais de donner à l’existence humaine un sens qui s’appuie sur l’expérience fondamentale et la conscience de l’Être essentiel, le travail aidant à la réaliser en l’homme.
Comme l’intégralité de la personne prend racine dans le noyau, perceptible en sa qualité numineuse, une connaissance, un enseignement et une direction véritables de l’homme doivent se préoccuper avant tout de l’expérience, la libération, l’épanouissement et la précision de ce centre.
C’est une vision qui sur le plan de la liberté et de la guérison dépasse la santé, l’efficacité et la fidélité à la communauté pour embrasser la totalité de l’homme, jusqu’à la profondeur de son Être essentiel, dont l’expérience et l’intégration sont indispensables à la réalisation du vrai soi.
Il s’agit pour l’homme d’atteindre à la transparence intérieure qui le délivre des liens du monde.
Il peut alors devenir une personne qui en tout ce qu’il aime, vit et crée, laisse résonner l’Être libérateur et créateur.
Le zazen. Exercé de l’attitude correcte, comme une assise absolument immobile, l’esprit dégagé de tous ses contenus c’est-à-dire dans le vide total, cet exercice prépare le terrain pour une rencontre de l’Être.
En tout ce qui vit, l’Être apparaît dans sa triple unité : sa plénitude, son ordre, son unité.
Le sentiment de sa force fondée sur l’Être essentiel dépend de ce qu’il est. Ceci apparaît clairement quand, par rapport au monde, il ne possède plus rien, ne sait ni ne peut plus rien. Il est alors présent par la force de l’Être essentiel qui est au-delà de toutes les conditions.
C’est seulement dans la mesure où l’on comprend que tout bonheur ou toute souffrance, toute santé ou tout mal-être, traduisent chez l’homme le témoignage réussi ou manqué du véritable Être essentiel que l’on parviendra à le comprendre et à l’aider d’une façon juste.
Les trois signes royaux qui marquent le sage, c’est-à-dire l’homme parvenu à intégrer son Être essentiel. Il possède le grand abandon, la grande sérénité et le grand amour. Il a assimilé et fait sienne l’expérience d’une réalité dont la nature se situe au-delà du spatio-temporel au-delà des contraires.
Elle l’a rendu capable de percevoir et d’annoncer la vie dans la mort, le sens dans l’absurde et, dans la cruauté du monde, un amour supranaturel.
La vraie expérience de l’Être découvre le ressort de la vie humaine, c’est-à-dire, pour parler en image, sa situation de « citoyen de deux mondes ». En son être essentiel par contre, l’homme est citoyen d’un univers au-delà de l’espace et du temps.
Centré sur le moi, l’homme se sent chez lui dans une existence déterminée par l’espace et le temps, qui se déroule entre la naissance et la mort. L’Être essentiel signifie pour nous le mode de participation individuel de l’homme à l’Être divin au-delà de l’espace et du temps.
L’homme vit dans la tension entre sa conscience du moi, liée à l’existence spatio-temporelle, et son appartenance à cet Être auquel participe son Être essentiel. Le but de la vie humaine est d’intégrer ces deux pôles, celui de son moi attaché au monde spatio-temporel où s’écoule son existence, et celui de son Être essentiel enraciné dans l’Être.
La maturation consiste à résoudre (et non à dissoudre) cette tension par une attitude qui, dans sa petite existence, manifeste la grande Vie surnaturelle, vivante en son Être essentiel.
Manifester son Être essentiel dans le « vrai » Soi, par la transparence de sa vie est la vocation de l’homme.
Tant que l’homme n’a pas atteint les bornes de sa force, de son intelligence et de sa capacité d’attachement, qu’il ne se trouve pas ainsi en peine et en difficulté, il n’est pas prêt à l’expérience qui mène à la conversion.
Pour qu’une vraie transformation se produise il faut que l’homme ait atteint la limite des ressources qu’il trouve dans le moi : sans détresse intérieure, sans nécessité indiscutable, personne ne songe à se convertir.
Le contact avec l’Être, la présence totale de l’Être essentiel qui constitue notre plus grande Vie surnaturelle, ne nous rend pas insensibles à la peine dans notre petite vie. Au contraire il nous donne la pleine mesure de cette peine.
La souffrance purifie celui qui est parvenu à l’Être, alors qu’elle aigrit et assombrit l’homme prisonnier de son moi et le durcit dans son éloignement de l’Être essentiel.
Le signe caractéristique d’une expérience authentique de l’Être est la naissance d’une nouvelle conscience, la conscience absolue.
Ces expériences où l’Être pénètre la conscience semblent finalement dépendre de la disposition d’esprit où nous nous trouvons pour les accueillir, et non pas de ces contenus.
L’expérience de l’Être ne devient possible que si cet axe fondamental de la vie naturelle est aboli, ou tout au moins affaibli.
La profondeur de l’Être ouvre à l’homme les frontières du moi pour les dépasser. La transcendance ainsi éprouvée n’est rien que l’on puisse se représenter : elle est la Vie, inconcevable, qui crée, ordonne, libère. Elle apparaît par une nouvelle disposition d’esprit totale, par une qualité de caractère numineux qui investit tout événement.
Elle se manifeste par une attitude dans la vie qui n’est plus déterminée par un sens objectivement explicable mais qui, au contraire, remplit tout objet et tout état du moi naturel d’un sens plus profond.
La force de transformation de l’expérience mystique vient de ce qui s’exprime par elle d’une façon concluante, c’est-à-dire la plus grande vie éprouvée comme une plénitude qui soutient et régénère, un sens fondamental et un amour jaillissant qui saisissent et transforment l’homme.
De toute évidence, la foi véritable commence seulement quand, ayant atteint les limites de son entendement, l’homme se dépouille de sa superbe et renonce à l’illusion de comprendre et de maîtriser la vie par ses propres moyens.
Créer un rapport tension-détente et une respiration conformes à l’Être essentiel, autrement dit une formule fondamentale de vie en accord avec lui, est donc la condition d’une guérison possible car ainsi cette formule ne sera plus troublée par les perturbations périphériques inévitables dans notre vie. Au contraire, celles-ci la fortifieront et l’aideront à progresser.
L’attitude juste est celle où rien ne peut déplacer le centre de gravité ni faire tomber dans la crispation ou le relâchement, où la respiration passe sans barrières. C’est seulement ainsi que l’Être essentiel peut résonner.
L’Être essentiel avec son ordre et ses valeurs se lève de la plénitude indivise de l’Être qui, au-delà des contraires, de l’objet de l’espace et du temps, sans images, s’ouvrent seulement à l’œil et à l’oreille intérieurs et manifeste ce mouvement primordial où espace et temps sont absorbés dans un éternel maintenant.
Grâce à lui, notre réalité limitée à l’espace et au temps, objectivement définie et déterminée et l’ordre de transformation de notre vie en ce monde acquièrent un sens de constante création et de renouvellement qui n’est pas de ce monde.
L’Être essentiel est le mode individuel par lequel l’Être surnaturel est présent en l’homme et veut se manifester en lui et à travers lui dans le monde.
Ainsi existe-t-il deux manières de bien se porter : l’une grâce à la santé psycho-physique fonctionnelle par rapport au monde, l’autre obtenue par l’union avec l’Être essentiel.
L’homme ayant atteint la maturité est tranquillement en forme car il a renoncé à son moi et il est centré en son Être essentiel. Son attitude est celle d’indépendance tant à l’égard du monde que de l’attention ou de l’acceptation des autres.
Il repose en lui-même, il exprime une liberté et une autonomie intérieures. Chez celui qui possède la maturité, la conscience de soi ne dépend pas de la position qu’il assume dans le monde mais de son enracinement dans le surnaturel.
Si quelqu’un est sur la voie, il reconnaîtra vite une mollesse ou une rigidité, non seulement parce qu’elles sont pénibles à son bien-être physique, mais parce qu’il y voit l’indice d’une déformation par rapport à celui qu’il est réellement et qu’il désire être.
Il sent que son contact avec l’Être essentiel est coupé, qu’il soit crispé, durci ou enfermé dans sa coquille ou au contraire négligent ou relâché, il sentira que ces attitudes sont « fausses » du fait de leur inconfort ou parce qu’elles l’empêchent de fournir un travail suivi, mais surtout parce qu’elles compromettent la forme que son Être essentiel lui fait rechercher.
L’esprit souffle où il veut, mais comment devons-nous être pour percevoir son souffle et lui obéir ? Peut-être pouvons-nous entendre la voix de la transcendance à travers chaque état du corps, mais nous ne pouvons pas correspondre que par une certaine « forme » à ce qu’elle demande de nous, à ce qu’elle nous promet.
Nous ne pouvons lui répondre que si nous sommes dans la « forme juste », c’est-à-dire l’attitude qui est à la fois une « forme transparente » et une « transparence devenue forme ». Nous devons être transparents et réceptifs à la plénitude, l’ordre et l’unité de l’Être, présent en notre Être essentiel.
En nous, créatures conscientes, la Vie devient consciente d’elle-même dans la respiration ininterrompue de son devenir, dans l’éternel « meurs et deviens » de ses formes, dans le yin et le yang de son mouvement primordial. Par l’intériorisation vigilante de ce mouvement originel créateur et libérateur se réalise l’exigence d’être, par le corps, en conformité avec l’Être essentiel.
La forme qui nous est destinée sur ce chemin ne peut donc être qu’une forme de transformation, un état de tout homme assurant un mouvement sans fin d’évolution. Le but n’est pas une forme définitivement établie mais une formule de transformation devenue seconde nature et assurant, dans le corps lui aussi, une maturation constante.
Cela suppose que l’on soit, consciemment ou inconsciemment, en contact avec l’Être essentiel ou que l’on s’efforce de l’être. Cet effort, cette vigilance, maintiennent le corps que nous sommes en l’état d’équilibre fluide.
L’aboutissement de la condition humaine n’est pas une personnalité qui représenterait la forme ultime d’une évolution juste. Il ne s’agit jamais en effet de parvenir à une forme définitive, mais à une formule finale qui se réalise dans un devenir progressif continuel.
Le sens final de ce devenir est une « extinction », un épanouissement et un anéantissement dans le UN divin qui est, lui, au-delà du devenir et du disparaître.
La totalité ne signifie pas une perfection aboutissant au repos, mais la réalité vivante d’un chemin que seule détermine une « direction vers » dans un renouvellement constant. L’homme devient lui-même un chemin, une voie qui s’éloigne du devenu pour se diriger vers le non-advenu.
Aux yeux de l’Oriental, la simple idée d’une arrivée possible exprime déjà l’erreur essentielle, toujours aux aguets dans la conscience humaine, celle d’un but accessible, matériellement existant, qui représenterait la valeur ultime. D’où le vieil aphorisme : « Si tu arrives là où le Bouddha n’est pas, continue ta route. Si tu arrives là où enfin tu le trouves, fuis plus loin ! »
Car là réside le danger véritable : celui d’un arrêt. Penser qu’une chose puisse être réelle quand elle est établie et qu’elle dure est déjà une illusion. Le vrai réel ne se laisse jamais fixer. Dès que l’image de quelque chose d’établi se glisse devant lui, il disparaît.
C’est pourquoi, de ce point de vue et si l’on recherche la vie, la conscience qui produit la connaissance, parce qu’elle définit, fixe et distingue, établit, comprend et conceptualise, est la source de toutes les déviations. Une pareille affirmation, vraiment inouïe pour l’entendement occidental ne pourra jamais être prise assez en considération.
En effet, s’il est indiscutable que la conscience rationnelle est la condition de toute science et de toute organisation durable, son effet est désolant quand elle s’oppose à l’objectivement inaccessible car il vient du royaume de la réalité qu’on doit accueillir avec respect et de la conscience intérieure qui en dépend.
Celui qui cherche le réel dans une conscience libératrice ne peut s’arrêter sur le chemin. Il ne s’épanouira qu’en faisant sien le mot de Maître Eckhart : « L’Être de Dieu est notre devenir. »
La connaissance de sa vocation et la promesse que contient ce devenir sont une délivrance croissante devant les exigences du monde, celles auxquelles le fait d’être homme nous oblige d’abord à payer tribut en faisant de la pensée objective le but de notre vie. Cette pensée est le détour nécessaire, puis l’arrière-plan révélateur de la Vie qui, enfin, nous permet de nous épanouir dans l’Être supranaturel, au-delà des contraires.
Il est pourtant certain qu’une intégration parfaite des principes de vie oriental-occidental laisse seule entrevoir la forme la plus haute d’une humanité totale.
Karlfried Graf Dürckheim La percée de l’être : Ou les étapes de la maturité Le Courrier du Livre
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